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RDC : La MONUSCO condamne le massacre de 43 civils à Komanda et renforce sa présence sécuritaire en Ituri



La Mission des Nations unies en République démocratique du Congo (MONUSCO) a fermement condamné, dimanche 27 juillet, une attaque sanglante attribuée au groupe armé ADF (Forces démocratiques alliées) qui a coûté la vie à 43 civils dans la localité de Komanda, située dans le territoire d’Irumu, à environ 60 km au sud-ouest de Bunia, en province de l’Ituri.



Selon des sources officielles, l’attaque a été perpétrée dans la nuit du 26 au 27 juillet. Les assaillants auraient pris pour cible un lieu de culte où se trouvaient de nombreux fidèles. La majorité des victimes dont 19 femmes, 15 hommes et 9 enfants ont été exécutées à l’arme blanche. Plusieurs personnes ont été enlevées, et des habitations et commerces incendiés, aggravant une situation humanitaire déjà critique dans cette région instable du nord-est congolais.

Dans un communiqué publié le dimanche 27 juillet, la MONUSCO a exprimé sa « profonde indignation » face à ces « violences inqualifiables« , dénonçant des « violations graves du droit international humanitaire et des droits de l’homme« .

Ces attaques ciblées contre des civils sans défense, notamment dans des lieux de culte, sont non seulement révoltantes mais aussi contraires à toutes les normes en matière de droit de l’homme et de droit international humanitaire”, a déclaré Vivian van de Perre, Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général de l’ONU et cheffe par intérim de la MONUSCO.

Soutien humanitaire et renforcement sécuritaire


Face à cette tragédie, la MONUSCO affirme avoir immédiatement renforcé ses patrouilles autour de Komanda. En coordination avec les autorités locales, elle a également apporté un appui humanitaire d’urgence : soins aux blessés, assistance logistique pour les inhumations, et accompagnement aux familles endeuillées.

La Mission onusienne a par ailleurs appelé les autorités congolaises à diligenter une enquête pour identifier les auteurs de cette attaque et les traduire en justice. Elle a réitéré l’appel du Secrétaire général des Nations unies en faveur du désarmement sans condition de tous les groupes armés étrangers opérant sur le sol congolais.

Une région sous haute tension


Le territoire d’Irumu, dans la province de l’Ituri, est régulièrement la cible d’attaques de groupes armés, dont les ADF, d’origine ougandaise, affiliés depuis 2019 à l’État islamique. Cette nouvelle tuerie intervient alors que les autorités congolaises poursuivent des opérations militaires conjointes avec l’armée ougandaise pour tenter de neutraliser ces groupes, sans parvenir jusqu’ici à enrayer leur capacité de nuisance.

Depuis le début de l’année, des dizaines de civils ont péri dans des attaques similaires, alimentant une spirale de peur et de déplacements de population.

La MONUSCO, dont le retrait progressif du territoire congolais est en cours, affirme qu’elle restera pleinement mobilisée pour la protection des populations jusqu’à la fin de son mandat. Son départ définitif de l’Ituri, initialement prévu d’ici fin 2025, pourrait être réévalué si la situation sécuritaire continue de se détériorer.

Les ADF, un groupe à l’idéologie jihadiste


Actifs dans l’est de la RDC depuis les années 1990, les ADF sont à l’origine une rébellion islamiste ougandaise. Repliés dans les forêts congolaises, ils se sont radicalisés au fil des années et sont aujourd’hui considérés comme l’un des groupes armés les plus violents de la région. Leurs attaques, souvent d’une grande brutalité, visent indistinctement civils et militaires. Les Nations unies les tiennent responsables de centaines de meurtres, de viols et d’enlèvements.

Une longue lignée de massacres : historique des tueries attribuées aux ADF


Les Allied Democratic Forces (ADF), à l’origine un groupe rebelle ougandais opposé au régime de Yoweri Museveni, sont actifs dans l’est de la RDC depuis les années 1990. Installés principalement dans les régions boisées du Nord-Kivu et de l’Ituri, les ADF se sont mués au fil du temps en un groupe jihadiste brutal, affilié depuis 2019 à l’organisation État islamique (EI) sous le nom de « Province d’Afrique centrale de l’État islamique » (ISCAP).

Voici un récapitulatif des principaux massacres imputés à ce groupe :

1998-2007 : premiers raids dans la région de Beni (Nord-Kivu), ciblant des villages isolés. Des centaines de civils sont tués, souvent dans l’indifférence générale.

Décembre 2013 : massacre de Kamango, où plus de 40 civils sont tués en quelques jours. La violence atteint un nouveau seuil d’atrocité.

2014-2016 : série de tueries massives dans les zones de Beni et Oïcha. En octobre 2014, au moins 80 civils sont assassinés à l’arme blanche en quelques semaines.

2019 : les ADF commencent à revendiquer des attaques au nom de l’État islamique. Le groupe prend une dimension transnationale et intensifie ses actions.

Octobre 2020 : attaque sur le village de Baeti, 20 morts. Le mois de novembre est l’un des plus meurtriers de l’année, avec plus de 100 civils tués à Beni et environs.

Mai 2021 : au moins 55 morts à Boga et Tchabi (Ituri), dont des enfants brûlés vifs.

2022 : plusieurs massacres dans la chefferie de Walese-Vonkutu (Irumu). Une centaine de morts en l’espace de quelques mois.

Avril 2023 : plus de 35 civils tués à Masambo, au Nord-Kivu. L’attaque provoque un déplacement massif des populations.

Janvier 2024 : les ADF frappent un site de déplacés près de Mambasa : 22 morts, dont 13 enfants.

27 juillet 2025 : massacre de Komanda : 43 civils tués, des dizaines d’enlèvements et plusieurs maisons incendiées.


Malgré les efforts militaires conjoints des armées congolaise et ougandaise depuis 2021, les ADF conservent une capacité de nuisance redoutable, usant de tactiques de guérilla, d’enracinement local et de terreur symbolique pour contrôler certaines zones rurales.


Picard Luhavo

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