Le sous-emploi des magistrats en République démocratique du Congo refait surface dans l’agenda du ministère de la Justice. Ce lundi 28 juillet, le ministre ad intérim de la Justice, Me Samuel Mbemba Kabuya, s’est rendu aux parquets généraux près les cours d’appel de Kinshasa/Gombe et Kinshasa/Matete, pour « palper du doigt » une situation qui inquiète de plus en plus l’appareil judiciaire congolais.
Cette démarche intervient dans le prolongement d’une réunion tenue le 24 juillet 2025 avec les procureurs généraux de la capitale. À l’issue de cette rencontre, le ministre avait promis une visite sur le terrain afin de constater personnellement les réalités auxquelles sont confrontés les parquets de Kinshasa.
« J’avais promis aux deux procureurs généraux que je descendrais sur le terrain pour m’enquérir de cela et palper du doigt cette réalité avant de faire cette proposition à Son Excellence Madame la Première Ministre Judith Suminwa Tuluka », a déclaré Me Mbemba Kabuya.
Un déséquilibre criant entre besoins et effectifs
La problématique évoquée concerne principalement le faible taux d’intégration des magistrats nommés en 2023 par le président Félix Tshisekedi, également magistrat suprême. Malgré leur nomination et leur rémunération, bon nombre de ces magistrats ne sont toujours pas effectivement déployés sur le terrain, en raison notamment d’un manque de moyens logistiques et d’infrastructures adaptées.
« C’est une problématique dont je considère la solution comme étant urgente », a insisté le ministre, rappelant que les standards internationaux recommandent un ratio d’un magistrat pour 5 000 habitants. « Or, dans la ville de Kinshasa comme dans toute la RDC, nous sommes très loin du compte », a-t-il souligné.
Une solution attendue pour répondre à l’urgence
Le ministre ad intérim entend soumettre prochainement des propositions concrètes à la cheffe du gouvernement, Madame Judith Suminwa. L’objectif : permettre aux magistrats déjà nommés de commencer à exercer pleinement leurs fonctions, et préparer l’entrée en service effective des nouvelles recrues de 2025. Une réforme qui s’inscrit dans la volonté affichée par l’exécutif congolais d’améliorer l’accès à la justice pour tous, sur l’ensemble du territoire.
Profitant de sa visite, Me Samuel Mbemba Kabuya a également inspecté les installations des deux juridictions, visitant notamment les bureaux administratifs et les cellules de garde à vue. Une démarche saluée par les responsables des parquets concernés, qui espèrent voir leurs conditions de travail s’améliorer à court terme.
Une réforme attendue depuis plusieurs années
La question du déficit structurel dans le système judiciaire congolais est ancienne. Elle a souvent été dénoncée par les syndicats de magistrats, les ONG locales de défense des droits humains et les partenaires internationaux. Mais jamais jusqu’ici une réponse structurelle n’avait été apportée à l’échelle nationale. La visite du ministre marque donc, selon certains observateurs, un tournant potentiel dans la politique judiciaire du pays.
Rédaction