La Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU en République démocratique du Congo, Bintou Keita, a dressé mardi un tableau sombre de la situation des droits humains dans l’est du pays. Elle s’exprimait devant le Conseil des droits de l’homme, réuni à Genève pour sa 60ᵉ session.
Selon elle, les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri continuent de payer le prix des violences armées. Les exécutions sommaires attribuées au M23 et à ses soutiens, notamment dans le territoire de Rutshuru, illustrent « l’impunité qui persiste malgré les appels répétés à un cessez-le-feu », a-t-elle indiqué.
Les attaques des ADF ont fait au moins 152 morts en deux mois, parmi lesquels de nombreuses femmes et enfants. La cheffe de la MONUSCO a également dénoncé l’augmentation des cas de violences sexuelles, alors que les moyens disponibles pour prendre en charge les survivantes se réduisent.
La crise humanitaire s’aggrave. Plus de huit millions de personnes déplacées vivent aujourd’hui dans des conditions précaires. L’insécurité bloque l’acheminement de l’aide humanitaire. Depuis le début de l’année, treize humanitaires ont perdu la vie dans l’exercice de leur mission.
Malgré ce contexte difficile, la MONUSCO dit poursuivre ses efforts pour protéger les civils. Dans plusieurs localités du Nord-Kivu, des familles menacées trouvent refuge dans ses bases. La Mission onusienne soutient aussi les défenseurs des droits humains et les journalistes ciblés par les groupes armés.
Mme Keita a salué les initiatives de paix menées à Washington et à Doha, tout en exhortant les parties prenantes à respecter leurs engagements. Elle a par ailleurs mis en avant la campagne « Mieux vivre ensemble », lancée en mai dernier par les Nations Unies pour renforcer la cohésion sociale et contrer les discours de haine.
La Représentante spéciale a enfin exprimé ses inquiétudes sur les difficultés financières de l’ONU. Ces contraintes, a-t-elle dit, freinent le déploiement des moyens sur le terrain et risquent de compromettre les progrès réalisés en matière de justice et de gouvernance.
Justin Mupanya