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Dialogue en RDC : Déclaration controversée, Francine Muyumba recadre la ministre Thérèse Wagner sur le rôle de Joseph Kabila

Une récente déclaration de la ministre des Affaires étrangères de la République Démocratique du Congo, Thérèse Kayikwamba Wagner, continue de susciter de vives réactions dans les milieux politiques et diplomatiques congolais.

Dans une interview relayée par TRT Afrika, la cheffe de la diplomatie congolaise a affirmé que « aucun rôle n’est prévu pour l’ex-président Joseph Kabila dans la résolution de la crise » qui secoue l’Est de la RDC. Une sortie qui a immédiatement provoqué l’indignation d’une partie de la classe politique, notamment celle de Francine Muyumba, sénatrice et ancienne présidente de l’Union panafricaine de la jeunesse.

« La diplomatie est un art de rassembler »

Dans une réaction publiée sur les réseaux sociaux, Francine Muyumba n’a pas mâché ses mots. Si elle reconnaît les compétences de la ministre Wagner, saluant « une femme compétente qui se débrouille plutôt bien », elle estime que cette dernière évolue dans un système interne défaillant, miné par une corruption endémique qui annule tous les efforts à l’international.

« C’est un peu comme placer Messi dans une équipe de deuxième division au Congo », écrit-elle, dénonçant une gestion politique nationale incapable d’amplifier les talents individuels.

Pour Mme Muyumba, la déclaration de Mme Wagner est « malheureuse » et va à l’encontre de l’essence même de la diplomatie, qui consiste à rassembler plutôt qu’à exclure.

« À un moment où la RDC a besoin de toutes ses forces vives, de toutes ses compétences, une telle déclaration est contraire à l’esprit de paix que devrait incarner la diplomatie », a-t-elle ajouté.

Le rôle des anciens chefs d’État en question

Cette polémique relance un vieux débat : le rôle des anciens présidents dans la vie politique nationale. Si certains estiment que Joseph Kabila doit rester à l’écart après avoir cédé le pouvoir en 2019, d’autres, comme Francine Muyumba, considèrent qu’en tant qu’ancien chef d’État et acteur politique influent, il peut encore contribuer à la stabilité et à la paix, notamment dans les régions en conflit.

Dans de nombreux pays africains, les anciens chefs d’État sont souvent sollicités pour des missions de médiation ou de conseil. La diplomatie d’influence, bien que discrète, repose aussi sur ces figures historiques capables de dialoguer avec des acteurs rebelles, régionaux ou internationaux.

Une sortie qui divise

La déclaration de Thérèse Wagner intervient dans un contexte délicat, alors que le pays fait face à une situation sécuritaire alarmante à l’Est, des tensions politiques internes, et une pression croissante sur la scène internationale.

Si certains saluent la clarté de sa position, d’autres y voient une faute diplomatique à un moment où la RDC a besoin de cohésion, pas de division.

Vers une révision du discours diplomatique ?

Le débat est désormais ouvert : la diplomatie congolaise doit-elle privilégier l’exclusion ou l’inclusion ?
Et jusqu’à quel point un ancien chef d’État peut-il, ou doit-il, être intégré dans le processus de résolution des conflits ?

Une chose est certaine : dans un pays où les fractures sont profondes, chaque mot compte. Et dans la bouche d’un diplomate de haut rang, un mot de trop peut rallumer des tensions… ou refermer une porte.

La Rédaction

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