Home / Sécurité / Accord de paix RDC–Rwanda : Une percée diplomatique aux enjeux sécuritaires, humanitaires et économiques majeurs

Accord de paix RDC–Rwanda : Une percée diplomatique aux enjeux sécuritaires, humanitaires et économiques majeurs

La signature de l’accord de paix global entre la République Démocratique du Congo (RDC) et la République du Rwanda à Washington marque un tournant diplomatique et stratégique sans précédent dans la région des Grands Lacs. Qualifié d’« historique » par les parties prenantes, cet accord vise non seulement à mettre un terme à des décennies d’instabilité et d’hostilités armées, mais aussi à jeter les bases d’une coopération sécuritaire, humanitaire et économique durable.

Une reconnaissance mutuelle des frontières et un mécanisme de sécurité conjointe


Au cœur de cet accord figure un engagement fort des deux États pour le respect de l’intégrité territoriale, l’interdiction des hostilités, et la mise en place d’un mécanisme conjoint de coordination de la sécurité. Ce dernier intègre le Concept d’opérations (CONOPS) du 31 octobre 2024, un document technique visant à planifier le désarmement et la neutralisation des groupes armés opérant dans l’est de la RDC.

Pour Kigali, l’enjeu est clair : obtenir l’éradication du FDLR, un groupe armé qualifié de résidu des forces ayant perpétré le génocide des Tutsi en 1994. Le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier J.P. Nduhungirehe, a rappelé dans son discours que la sécurité régionale ne pourra être garantie sans une fin « irréversible et vérifiable » du soutien étatique à cette milice.

En contrepartie, le Rwanda s’engage à lever certaines mesures défensives et à coopérer dans le cadre du nouveau dispositif sécuritaire bilatéral.


Des avancées humanitaires et une perspective de réintégration


Autre volet fondamental de l’accord : la facilitation du retour des réfugiés et des personnes déplacées internes, avec l’appui du HCR. Les deux gouvernements s’engagent à créer les conditions d’un retour sécurisé et digne, une démarche saluée par la cheffe de la MONUSCO, Bintou Keita, qui y voit « un pas vers la paix ».

L’accord prévoit également le désengagement, le désarmement et l’intégration conditionnelle des groupes armés non étatiques, une mesure de stabilisation destinée à transformer les menaces en opportunités de réintégration, sous réserve de critères stricts.


Un engagement international fort : États-Unis, Qatar, Union africaine


Ce processus de paix n’aurait pas été possible sans une mobilisation diplomatique internationale. Le ministre congolais des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, a rendu hommage au leadership américain. Elle a salué « une victoire pour la souveraineté de la RDC » et un aboutissement des efforts multilatéraux.

Le président Donald Trump a été personnellement remercié par les deux délégations pour son implication. Le secrétaire d’État Marco Rubio a souligné la priorité accordée par les États-Unis à la paix dans le monde :

« Que ce soit en Ukraine et Russie, au Pakistan et en Inde, ou au Moyen-Orient, Donald Trump a fait de la paix une priorité. Aujourd’hui, nous en voyons les fruits en Afrique », a-t-il déclaré.


Le Qatar, par la voix de son ministre d’État Mohammed Al-Khulaifi, a été salué pour son rôle pivot dans la médiation, amorcée à Doha. Le processus bénéficie également du soutien de l’Union africaine, sous la facilitation du président togolais Faure Gnassingbé.


Une relance économique en ligne de mire


Enfin, les deux parties ont convenu d’ouvrir un cadre d’intégration économique régionale. Le Rwanda espère attirer des investisseurs américains, tandis que la RDC prévoit de réorienter ses ressources vers les infrastructures, la santé, l’éducation et la croissance économique, grâce aux économies générées par l’arrêt du conflit.


Un accord solide mais fragile


L’accord du 27 juin 2025 constitue une avancée majeure vers la paix dans les Grands Lacs, mais son succès reste suspendu à la mise en œuvre concrète sur le terrain. Le précédent d’accords non respectés pèse sur les esprits. Comme l’a souligné le ministre rwandais : « Le chemin ne sera pas facile. »

Les prochaines semaines seront donc décisives. La paix ne se mesure pas seulement à la signature d’un document, mais à sa traduction en actes tangibles pour les millions de civils affectés par des décennies de guerre.


Rédaction

Étiquetté :

Répondre

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *