Dans l’Est tourmenté de la République démocratique du Congo, le fracas des armes a de nouveau retenti ce vendredi matin. De violents affrontements ont éclaté dans les territoires de Djugu et d’Irumu, en Ituri, opposant les Forces armées de la RDC (FARDC) aux rebelles du Conseil de Résistance Populaire (CRP), un mouvement armé dirigé par l’ancien chef de guerre Thomas Lubanga.
Des sources locales et sécuritaires rapportent des échanges de tirs nourris à Miala, Telega et Virakpa, localités situées à proximité de la ville de Bunia. Selon plusieurs témoins joints par téléphone, les hostilités ont commencé dès 7 heures du matin à Miala, non loin de la centrale hydroélectrique de Solenyama.
« On a entendu des coups de feu, d’abord sporadiques, puis intenses. Des familles ont fui dans la précipitation, certaines femmes portaient leurs enfants sur le dos », témoigne un habitant de Mudzipela.
Des collines stratégiques disputées
Les rebelles auraient été repérés sur les hauteurs de Ngatsu, Mwito et Telega, des collines qui surplombent Miala et où les FARDC disposent de positions avancées. Les combats intenses dans cette zone ont forcé des dizaines de familles à se déplacer en urgence vers les quartiers périphériques de Bunia, notamment Mudzipela et Bigo, transformés en refuges improvisés.
D’autres affrontements ont été signalés à Virakpa, dans les environs de Iga-Barrière, une localité déjà marquée par des incursions armées ces derniers mois. Vers 11h, des convois militaires ont été observés sur la Route Nationale 27, transportant des renforts en direction de la chefferie des Bahema Baguru.
Un silence préoccupant sur les pertes
Alors que les combats se poursuivaient en début d’après-midi, aucun bilan officiel des pertes humaines ou matérielles n’était encore disponible. L’armée congolaise a promis une communication formelle dans les heures à venir. Contactée, une source sécuritaire a confirmé que la situation restait « évolutive et extrêmement tendue« .
Un climat d’insécurité persistant
Ces affrontements illustrent une fois de plus la complexité du conflit en Ituri, où la présence d’une multitude de groupes armés souvent à motivations communautaires ou politiques complique toute tentative de stabilisation. Le retour sur le devant de la scène de Thomas Lubanga, jadis condamné par la CPI pour crimes de guerre, suscite également de vives inquiétudes dans la région.
« Ce qui se passe aujourd’hui n’est pas un simple incident. Cela traduit l’échec de la stratégie militaire et politique dans cette partie de la RDC », commente un analyste sécuritaire basé à Goma.
Les populations, elles, restent les premières victimes d’un conflit sans fin. Déplacées, traumatisées, souvent oubliées.
Qui est Thomas Lubanga ?
Ancien chef de l’Union des Patriotes Congolais (UPC), Thomas Lubanga avait été arrêté en 2006 et condamné en 2012 par la Cour pénale internationale pour avoir enrôlé des enfants soldats. Libéré en 2020 après avoir purgé sa peine, son retour dans l’arène sécuritaire par le biais du CRP, un groupe armé récemment formé, suscite de nombreuses interrogations.
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