L’ombre de Matata Ponyo planait déjà depuis plusieurs semaines. Sa disparition de la sphère publique, après sa condamnation à dix ans de servitude pénale pour détournement de fonds dans l’affaire Bukanga-Lonzo, nourrissait les rumeurs les plus diverses. Ce samedi 2 août, le mystère a été levé : l’ancien Premier ministre est officiellement en exil.
C’est son parti, Leadership et Gouvernance pour le Développement (LGD), qui a confirmé l’information. Selon Francklin Tshamala, secrétaire général du parti, Matata Ponyo a pris la décision de quitter le pays « sous contrainte », dénonçant des pressions politiques et une violation de ses droits fondamentaux.
« Il nous a dit avoir été poussé à l’exil, en violation de l’article 30 alinéa 2 de la Constitution », a déclaré Tshamala, précisant que le lieu de refuge sera communiqué ultérieurement.
Ce revirement relance le débat sur la frontière entre justice et instrumentalisation politique en République démocratique du Congo. Pour ses partisans, Matata Ponyo n’a jamais bénéficié d’un procès équitable. Pour d’autres, son départ du pays est une manœuvre pour échapper à la justice, dans un dossier où plus de 200 millions de dollars destinés au développement agricole ont disparu.
En mai dernier, la Cour constitutionnelle l’avait reconnu coupable de détournement de fonds dans la gestion du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo, un projet phare du gouvernement de l’époque qui s’est soldé par un échec retentissant.
Le silence des autorités congolaises depuis cette annonce interroge. Aucune déclaration officielle n’a encore été faite sur cette fuite à l’étranger d’un homme politique de premier plan, ancien ministre des Finances, ancien Premier ministre et candidat malheureux à la présidentielle de 2023.
Le cas Matata Ponyo soulève ainsi des questions fondamentales : justice ou chasse aux sorcières ? Procès équitable ou élimination politique ? À cette étape, seul l’avenir et les révélations à venir permettront peut-être d’éclairer les zones d’ombre.
Rédaction
