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Nord-Kivu : Des militaires FARDC traduits en justice pour crimes graves à Lubero

Vingt-trois militaires congolais sont actuellement jugés à Lubero-centre dans le cadre d’audiences foraines organisées par le tribunal militaire de garnison de Butembo. Poursuivis pour de multiples violations graves des droits humains, les prévenus sont notamment accusés de viols, d’actes de torture, d’enlèvements et d’extorsions.

Arrêtés dans plusieurs localités du territoire de Lubero, ces soldats étaient censés assurer la sécurité des populations civiles. Leur mise en accusation marque un tournant dans la lutte contre l’impunité au sein des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), régulièrement mises en cause dans des abus commis dans les zones de conflit de l’Est du pays.

Encore une fois, la juridiction militaire juge publiquement des membres des FARDC dans une région particulièrement exposée aux exactions. Ces audiences, prévues jusqu’au 8 juillet 2025, sont conduites en plein cœur de Lubero-centre, avec un double objectif : rapprocher la justice des populations affectées et démontrer la volonté de l’État d’appliquer la loi sans discrimination.

Selon les autorités judiciaires, cette opération vise également à sensibiliser la population locale sur ses droits et à restaurer la confiance envers l’appareil judiciaire militaire.

Soutien de la MONUSCO et attentes des victimes


Le déploiement de ces audiences a été rendu possible grâce à l’appui technique et logistique de la MONUSCO, la mission des Nations Unies en RDC, via son unité d’appui à la justice. Pour les acteurs locaux de la société civile, ce procès est l’occasion de faire entendre la voix des victimes.

« Ce procès n’est pas seulement une réponse judiciaire, c’est aussi un acte de prévention », explique Maître Wivine, avocate représentant plusieurs victimes.

« Il rappelle que l’uniforme ne protège pas contre les poursuites judiciaires. »



Hélène Makule, responsable de la Ligue des femmes du Nord-Kivu, se montre plus exigeante :

« Cela fait des années que les femmes paient le prix du silence de l’État. Il est temps que les verdicts soient exemplaires. Nous demandons des peines dissuasives, et surtout, l’exécution effective des jugements. Trop souvent, les condamnés réintègrent les rangs. »

Un contexte sécuritaire tendu


Cette procédure judiciaire s’inscrit dans un climat d’extrême tension dans le Nord-Kivu, où la violence armée, les déplacements de populations et les violences sexuelles se multiplient. De nombreux rapports d’ONG pointent la responsabilité d’éléments réguliers ou incontrôlés des forces armées dans ces crimes.

Alors que les autorités congolaises affirment renforcer la discipline au sein de l’armée, ce procès devrait constituer un test décisif pour évaluer la capacité de la justice militaire à sanctionner ses propres éléments et à lutter contre une impunité endémique.

Rédaction

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