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Nord-Kivu : inquiétudes autour du retour non encadré de familles Hutu à Louofu

Environ une trentaine de familles Hutu ont regagné les villages de Louofu, dans les groupements Tama et Itala, après près de dix ans d’exil. Ce retour s’est déroulé sous l’égide du mouvement armé M23/AFC, qui contrôle actuellement cette zone du sud du territoire de Lubero, dans la province du Nord-Kivu.


Présentées publiquement comme « réinstallées » par l’administration du M23/AFC lors d’une cérémonie organisée ce jeudi, ces familles affirment revenir sur leurs terres ancestrales, abandonnées à l’époque à cause des conflits intercommunautaires. Toutefois, cette initiative soulève de sérieuses préoccupations locales.

Le président de la société civile de Lubero, Muhindo Tafuteni, dénonce un retour précipité, non encadré et mené en dehors de tout cadre légal.

« Ce processus n’a impliqué ni les autorités administratives reconnues ni les organisations humanitaires compétentes. Il risque d’aggraver l’instabilité locale », a-t-il déclaré.

Les inquiétudes portent notamment sur l’absence d’accompagnement logistique, le manque d’infrastructures d’accueil et le risque de conflits fonciers. Aucune agence humanitaire, comme le HCR ou le CICR, n’a confirmé sa participation à cette opération.

Selon les standards internationaux, dont l’Accord de Washington sur le retour des déplacés, toute réinstallation doit être volontaire, sécurisée et conduite en partenariat avec les institutions nationales et internationales. En l’absence de ce cadre, les acteurs locaux redoutent que ce retour fragilise davantage les efforts de paix engagés à Washington et à Doha.

Des ONG locales, des chefs communautaires et des notables réclament l’arrêt immédiat de toute opération unilatérale. Ils appellent à une approche inclusive intégrant les services humanitaires, les autorités civiles et les représentants des différentes communautés pour éviter tout regain de tensions.

Outre les préoccupations sécuritaires, les besoins humanitaires sont criants : accès à l’eau potable, soins de santé, éducation, logement, et sécurité alimentaire. Une évaluation indépendante de la situation est demandée, ainsi que l’ouverture urgente d’un dialogue intercommunautaire.

À Louofu, l’incertitude persiste. Pour les familles revenues, l’espoir d’un nouveau départ est palpable, mais il reste suspendu à la manière dont ce processus sera, ou non, institutionnalisé et sécurisé.


Justin Paluku

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