Une polémique enfle à Beni, au Nord-Kivu, autour de la gestion du carburant alloué chaque semaine par la composante policière de la MONUSCO (UNPOL) aux services de sécurité congolais. Ce carburant, censé alimenter les patrouilles nocturnes pour assurer la protection de la population, ne semble pas toujours atteindre sa destination finale.
Sur le terrain, les alertes de la population face à des incursions nocturnes d’hommes armés se heurtent à une réponse récurrente des forces de sécurité : « Carburant eza te » il n’y a pas de carburant. Une justification jugée incompréhensible par plusieurs acteurs de la société civile, notamment Moïse Malikidogo, membre influent de la coordination urbaine de la société civile de Bungulu.
« Nous appelons en pleine nuit, parfois à plusieurs reprises, pour signaler la présence d’hommes armés dans les quartiers. La réponse est presque toujours la même : ils n’ont pas de carburant pour se déplacer. C’est inacceptable », dénonce-t-il.
Pourtant, selon une source proche de la MONUSCO à Beni, l’UNPOL remet régulièrement une quantité importante de carburant aux forces de police aussi bien en ville que dans le territoire de Beni. Ce soutien logistique vise à appuyer les efforts de sécurisation à travers des patrouilles motorisées dans les zones à risque.
Une chaîne de distribution opaque
La question reste donc entière : où va le carburant destiné aux opérations de sécurité publique ? À ce stade, aucun élément officiel ne permet de déterminer si ce carburant est détourné, mal réparti, ou victime d’une logistique déficiente.
Les autorités policières de Beni n’ont, pour l’instant, fourni aucune explication publique sur l’usage précis de ce carburant, alimentant ainsi les soupçons de mauvaise gestion ou de détournement.
Dans un contexte sécuritaire toujours préoccupant, cette situation soulève des inquiétudes légitimes sur l’efficacité du partenariat entre les Nations unies et les forces de sécurité congolaises, et plus largement sur la gouvernance des ressources destinées à la protection des civils.
La société civile de Beni appelle à une enquête indépendante pour établir la traçabilité du carburant remis par l’UNPOL, et demande aux autorités nationales de renforcer le contrôle des ressources logistiques mises à disposition des forces de l’ordre.
Rédaction