La République démocratique du Congo hausse le ton après la prise, mardi, de la ville d’Uvira par les rebelles du M23 appuyés, selon Kinshasa, par l’armée rwandaise. La cheffe de la diplomatie congolaise, Thérèse Kayikwamba Wagner, a appelé les États-Unis à renforcer les sanctions visant Kigali. Elle s’est exprimée mercredi au cours d’un entretien avec l’agence Reuters.
Selon la ministre d’État, les mesures déjà prises par Washington contre certains responsables rwandais « ne suffisent plus » face à l’intensification des violences dans l’Est du pays. « Face aux milliers de morts et aux déplacements massifs, la préoccupation ne suffit plus. Il faut des mesures concrètes », a-t-elle déclaré, estimant que le processus de paix soutenu par les États-Unis « doit retrouver sa crédibilité ».
La capture d’Uvira, un important centre commercial et point de passage stratégique entre la RDC, le Burundi et la Tanzanie, intervient après plusieurs jours d’affrontements intenses. Les combats ont entraîné de nouveaux déplacements de populations dans le Sud-Kivu et ravivé les inquiétudes sur une possible extension du conflit dans la plaine de la Ruzizi.
À Kinshasa, des sources sécuritaires évoquent une « dégradation rapide » de la situation dans cette zone frontalière. Dans la capitale, les autorités affirment suivre « heure par heure » l’évolution des opérations militaires, tout en réitérant leur volonté de privilégier une issue politique.
Le gouvernement congolais insiste sur la nécessité pour « tous les acteurs » impliqués dans les discussions régionales et internationales de respecter les engagements souscrits, notamment ceux issus de l’accord de Washington. « La RDC reste attachée à une solution politique, mais celle-ci ne peut être viable que si chaque partie assume ses responsabilités », a déclaré un conseiller du ministère des Affaires étrangères à Radio Okapi.
Plusieurs partenaires internationaux se disent préoccupés par l’ampleur de la crise humanitaire dans les provinces de l’Est, où les récentes offensives ont aggravé les besoins déjà importants en protection et en assistance.
Kinshasa dit espérer que les pressions diplomatiques seront renforcées dans les prochains jours pour éviter « une nouvelle escalade » dans une région déjà fragilisée par des années de conflits armés.
Dorcas Kapinga
