Au lendemain de l’attaque sanglante perpétrée par les rebelles des Forces Démocratiques Alliées (ADF) dans le centre commercial de Komanda, les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) pointent du doigt une complicité interne. Selon le commandant du secteur opérationnel Ituri, Général-Major Bruno Mandevu, certains habitants de la région auraient facilité l’opération meurtrière menée par ce groupe armé affilié à l’État islamique.
Une attaque meurtrière qui relance la question de la sécurité en Ituri
Dans la nuit du 26 au 27 juillet 2025, au moins 43 civils ont été tués dans une double attaque attribuée aux ADF dans le territoire d’Irumu, à environ 75 kilomètres au sud de Bunia. Le bilan fait état de 39 morts à Komanda et 4 à Matsongani, des localités durement éprouvées par l’insécurité récurrente dans cette partie orientale du pays.
Parmi les victimes de Komanda, 24 fidèles membres de la Croisade Eucharistique ont été inhumés ce lundi 28 juillet, dans une fosse commune creusée dans la concession de la paroisse Bienheureuse Anuarite à Komanda. La cérémonie funèbre, empreinte d’une profonde émotion, s’est déroulée en présence de l’administrateur militaire du territoire d’Irumu et de son comité local de sécurité. Ces enterrements collectifs soulignent l’ampleur de la tragédie et le deuil qui frappe la communauté chrétienne locale.
Complicité locale : une accusation lourde de conséquences
C’est à Komanda, chef-lieu de la chefferie de Basili, que le gouverneur militaire de l’Ituri, le Lieutenant-Général Johnny Luboya, a dépêché le Général-Major Mandevu pour rétablir l’ordre et renforcer le dispositif militaire sur place.
Face à la presse locale et aux autorités administratives, le commandant du secteur opérationnel n’a pas mâché ses mots.
« L’ennemi ne peut pas sortir de la brousse puis venir entrer dans la localité sans l’appui des habitants », a-t-il déclaré. « Il a fait ça parce qu’il était accompagné par certains fils de Komanda. Ce que nous vous demandons désormais est de couper ce lien entre les ADF et nous, citoyens », a insisté l’officier devant les responsables locaux et les notables du territoire d’Irumu.
Les propos du Général Mandevu, relayés notamment par la cellule de communication de l’administrateur militaire d’Irumu, relancent un débat sensible : celui de la porosité entre la population civile et les groupes armés actifs dans la région. Une situation que des rapports antérieurs d’ONG comme Human Rights Watch et le Groupe d’étude sur le Congo ont déjà dénoncée, appelant à une meilleure gouvernance sécuritaire dans les zones rurales et frontalières.
Une réponse militaire renforcée
Le commandant militaire a toutefois assuré que de nouveaux renforts seront déployés, affirmant que l’armée ne quittera pas Komanda tant que la paix n’y sera pas totalement restaurée.
« L’armée restera ici et traquera l’ennemi jusqu’à ce que la paix revienne ici », a-t-il promis, dans un message de fermeté destiné autant aux ADF qu’aux habitants soupçonnés de connivence.
La situation sécuritaire en Ituri reste extrêmement volatile. Depuis plusieurs années, les ADF un groupe islamiste d’origine ougandaise mènent des attaques ciblées contre les civils, les forces de sécurité, et les infrastructures sociales. Ils sont accusés de centaines de meurtres dans les provinces de l’Est et sont classés organisation terroriste par les États-Unis depuis 2021.
Une tragédie de plus dans une région meurtrie
L’attaque de Komanda n’est que la dernière d’une longue série de massacres attribués aux ADF en Ituri et au Nord-Kivu. Malgré la présence de contingents FARDC et les efforts conjoints avec la force régionale de la SADC, les incursions se poursuivent. La population, lasse et traumatisée, réclame une protection durable et une stratégie plus efficace de désarmement et de démobilisation.
Rédaction