Home / Politique / RDC : Kabila tente de réorganiser l’opposition à Nairobi, tandis que Katumbi, Fayulu et Kabund restent absents calcul politique ou divergence interne ?

RDC : Kabila tente de réorganiser l’opposition à Nairobi, tandis que Katumbi, Fayulu et Kabund restent absents calcul politique ou divergence interne ?

L’ancien président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, a réuni pendant deux jours à Nairobi (Kenya) plusieurs figures majeures de l’opposition congolaise. Objectif : jeter les bases d’une nouvelle coordination politique face au régime de Félix Tshisekedi, dans un contexte de tensions croissantes sur le plan sécuritaire et institutionnel.


Parmi les participants figuraient l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo, Seth Kikuni, Franck Diongo, Néhemie Mwilanya, José Makila, Richard Muyej, Kikaya Bin Karubi et Tony Sayiba. D’autres leaders, dont Moïse Katumbi, Martin Fayulu, Jean-Marc Kabund et Delly Sesanga, avaient été invités mais n’ont pas fait le déplacement, invoquant des contraintes d’agenda.

Les discussions ont porté sur la sécurité, l’économie nationale et la détérioration des conditions de vie des Congolais. Joseph Kabila aurait proposé douze mesures prioritaires, parmi lesquelles la dissolution des groupes armés, la fin du “pouvoir autoritaire”, et l’ouverture d’un dialogue entre Congolais et avec les pays voisins.

Selon Franklin Tshiamala, secrétaire général du parti LGD d’Augustin Matata Ponyo, cette initiative vise à « redonner une voix forte et responsable à l’opposition » et à formuler une contribution au dialogue de Doha, actuellement soutenu par Washington.

Mais du côté du pouvoir, la réaction est cinglante. Steve Mbikayi, cadre de l’Union sacrée, a qualifié cette rencontre de « non-événement » :

« L’opposition devrait plutôt s’implanter sur le terrain et préparer les prochaines élections. Elle se tourne vers des dialogues extérieurs parce qu’elle est déboussolée », a-t-il déclaré sur Radio Okapi.

Le vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur, Peter Kazadi Shabani Lukoo, a, lui, dénoncé une « messe noire » tenue par « des condamnés de justice ». Il a averti que le gouvernement « s’assumerait » si cette réunion visait à déstabiliser les institutions.

Ce conclave intervient dans un contexte explosif : deux semaines seulement après la condamnation à mort de Joseph Kabila par la Haute Cour militaire de Kinshasa. L’ancien chef de l’État a été reconnu coupable de trahison, crimes de guerre et participation à un mouvement insurrectionnel, accusations que son camp rejette en bloc. Le Front Commun pour le Congo (FCC) a dénoncé une procédure « illégale », tandis que la CENCO s’est dite « horrifiée » par le verdict, appelant à un dialogue national inclusif pour éviter un nouvel affrontement politique.

Entre silence stratégique et désaccord profond, l’absence de certaines figures de l’opposition entretient le flou sur l’avenir d’un front commun anti-Tshisekedi. Mais une chose semble acquise : le retour de Joseph Kabila sur la scène politique congolaise n’est plus une hypothèse, mais une réalité.


Picard Luhavo

Étiquetté :

Répondre

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *