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RDC-Ouganda : le P-DDRCS plaide pour une intégration des ex-combattants dans le projet transfrontalier « Borderlands »

À Bunia, chef-lieu de la province de l’Ituri, le lancement officiel du projet « Borderlands » s’est tenu ce vendredi 11 juillet 2025. Financé par l’Union européenne et mis en œuvre par l’OIM et TradeMark Africa, ce programme entend renforcer la stabilité et la coopération transfrontalière entre la RDC et l’Ouganda. Lors de cette rencontre, le Programme national de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (P-DDRCS) a insisté sur l’importance d’associer pleinement les ex-combattants aux efforts de stabilisation dans les zones frontalières.

Dans un contexte sécuritaire toujours préoccupant à l’est de la RDC, les initiatives de stabilisation et de relance économique se multiplient dans les zones transfrontalières. L’atelier de lancement du projet « Borderlands », organisé ce vendredi à Bunia, a réuni autorités politico-militaires, représentants coutumiers, organisations communautaires et agences internationales autour de cet enjeu.

Le projet vise à renforcer la cohésion sociale, améliorer la gouvernance locale et soutenir la création d’opportunités économiques durables dans les territoires de Mahagi, Aru, Irumu et Djugu, où la situation reste volatile après deux décennies de conflits armés et de déplacements massifs de populations.

Le P-DDRCS s’invite dans les priorités locales

Parmi les interventions marquantes de la journée, celle de Cyrille MPOYI kaninda, représentant le P-DDRCS en Ituri, a retenu l’attention. S’exprimant au nom du coordonnateur provincial intérimaire, il a rappelé que tout processus de stabilisation dans les zones frontalières ne saurait se faire sans intégrer la problématique des ex-combattants et des jeunes en situation de vulnérabilité.

« Le P-DDRCS est un programme structurant pour la paix et la cohésion sociale dans cette province », a-t-il insisté.

Il a déploré l’absence de prise en compte explicite de cette composante dans la première phase du projet Borderlands, appelant les partenaires à corriger cette omission. L’équipe du projet a reconnu cette lacune et s’est engagée à intégrer cette dimension dans la suite de la planification.

Propositions concrètes pour la réinsertion économique

Le représentant du P-DDRCS a formulé deux propositions concrètes pour renforcer la complémentarité entre les actions du programme gouvernemental et celles de Borderlands.
D’abord, la création de “TradeMarkets communautaires” sécurisés dans les zones frontalières, des espaces de commerce transfrontalier devant également servir de plateformes économiques pour les ex-combattants et les communautés d’accueil. Ces marchés seraient accompagnés de dispositifs d’accès aux microfinancements et de formations aux métiers générateurs de revenus.

Ensuite, la mise en place de dispositifs de réinsertion intégrés, notamment à travers le soutien à l’entrepreneuriat des ex-combattants via des coopératives transfrontalières et la création d’un fonds d’accompagnement technique et financier pour leur réintégration socio-économique durable.

Deux questions ont également été posées à TradeMark Africa :

  1. Comment l’organisation pourrait-elle soutenir la mise en place d’activités économiques pérennes pour les ex-combattants ?
  2. Envisage-t-elle de faciliter leur accès aux dispositifs de microfinancement et de formation professionnelle dans le cadre de ce projet ?

Un enjeu incontournable pour la paix

Dans une province où les groupes armés continuent de recruter de jeunes désœuvrés et où les trafics illicites alimentent les conflits, l’intégration du P-DDRCS dans les projets transfrontaliers apparaît comme une condition indispensable à la stabilisation durable.

Pour rappel, le P-DDRCS Ituri œuvre depuis plusieurs mois à la réinsertion communautaire de centaines d’ex-combattants à travers des activités de relèvement socio-économique et des actions de sensibilisation à la paix. Son implication dans le projet Borderlands pourrait, selon les observateurs, renforcer l’impact de ce dernier sur le terrain.

L’atelier de Bunia a ainsi ouvert la voie à un dialogue renforcé entre partenaires humanitaires, autorités locales et programme de désarmement, avec la perspective de bâtir une réponse plus intégrée aux défis transfrontaliers de l’est de la RDC.

Picard Luhavo

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