Les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), groupe armé rwandais actif dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), ont adressé une lettre officielle au président américain saluant la récente signature de l’Accord de Washington, signé le 27 juin dernier entre Kinshasa et Kigali sous médiation américaine.
Dans ce courrier daté du 2 juillet et consulté par France 24 et NBC News, les FDLR félicitent le chef de l’État américain pour son rôle dans l’aboutissement de ce processus de paix présenté comme historique, après plus de trois décennies de tensions et de violences armées dans la région.
Le mouvement, fondé en 2000 par des exilés hutus rwandais, se déclare favorable à toute initiative sincère visant à rétablir la paix et la stabilité dans la région des Grands Lacs africains (RGLA). Toutefois, il conteste fermement son étiquette d’organisation « terroriste » et « génocidaire » que lui attribue régulièrement Kigali et une partie de la communauté internationale.
Un plaidoyer pour un dialogue régional élargi
Dans cette correspondance signée par le Lieutenant-Général Victor Byiringiro, président par intérim des FDLR, le groupe armé revendique son implication dans plusieurs processus de paix passés, notamment à Rome, Kinshasa et Goma, ainsi que des opérations de désarmement partiel menées sous supervision internationale.
Les FDLR accusent par ailleurs le régime du président rwandais Paul Kagame de saboter systématiquement ces initiatives et de manipuler l’opinion internationale en attribuant au mouvement des exactions commises, selon elles, par les Forces de Défense Rwandaises (RDF) elles-mêmes dans l’est du Congo.
Le groupe armé rwandais milite désormais pour un dialogue politique franc et inclusif entre toutes les forces politiques et militaires de la région, estimant que seule une approche politique globale permettra de résoudre durablement l’instabilité récurrente.
Des accusations graves contre Kigali
Dans sa lettre, les FDLR relèvent également des accusations lourdes à l’endroit du pouvoir rwandais, qu’elles rendent responsable des violences qui endeuillent la région depuis trois décennies. Elles évoquent notamment l’assassinat en février 2021 de l’ambassadeur italien Luca Attanasio sur la route de Goma à Rutshuru, attribué à tort selon elles à leur mouvement.
Elles dénoncent aussi les opérations militaires successives menées par les FARDC (forces congolaises), les RDF et la MONUSCO entre 2009 et 2019, qui auraient fait, selon leurs chiffres, « plusieurs centaines de milliers de morts et de déplacés » dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, parmi les civils congolais et les réfugiés rwandais.
Une reconnaissance contestée sur fond de tensions sécuritaires
Si cette prise de parole des FDLR intervient alors que la situation sécuritaire reste tendue dans l’est de la RDC notamment dans les territoires de Masisi, Rutshuru et Walikale, encore affectés par les affrontements entre groupes armés et forces loyalistes elle pose également la question de la place de cette organisation dans le paysage diplomatique régional.
Kigali et Kinshasa, appuyés par les Nations Unies et plusieurs chancelleries occidentales, exigent depuis des années leur démantèlement. Washington, qui a facilité les récents pourparlers, n’a pour l’heure pas officiellement réagi à cette correspondance.
Une guerre de récits qui se poursuit
Les FDLR affirment qu’aucune solution militaire ne pourra venir à bout de la crise régionale sans un dialogue politique associant toutes les forces en présence. « La neutralisation des FDLR ne résoudra pas le problème de fond, qui est d’essence politique », indique le texte.
Une position diamétralement opposée à celle de Kigali, qui voit dans ce mouvement une organisation héritière des auteurs du génocide des Tutsis de 1994 et un obstacle majeur à la stabilisation durable des Grands Lacs.
Rappelons que les FDLR figurent sur la liste des groupes armés actifs dans l’est de la RDC selon le dernier rapport du Groupe d’Experts de l’ONU publié en mars 2025. Plusieurs de leurs anciens dirigeants ont été poursuivis ou condamnés pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, notamment en Allemagne et par la Cour Pénale Internationale.
Rédaction