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Sommet conjoint CAE-SADC à Nairobi : un front africain uni pour la paix en RDC, en parallèle des efforts menés par les États-Unis

Une avancée diplomatique d’envergure a été actée ce vendredi à Nairobi, avec la création d’un mécanisme conjoint de médiation pour la paix en République démocratique du Congo (RDC). Ce dispositif, fruit de la fusion entre les structures de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE), de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et de l’Union africaine (UA), entend harmoniser les efforts régionaux en vue d’une sortie de crise inclusive et durable à l’est de la RDC.


Co-présidé par les présidents William Ruto (Kenya) et Emmerson Mnangagwa (Zimbabwe), le sommet a réaffirmé la volonté de « consolider un leadership africain sur les questions de paix et de sécurité« , comme l’a souligné Mahmoud Ali Youssouf, président de la Commission de l’UA. L’Union africaine devient ainsi chef de file de cette architecture unifiée, destinée à « mettre fin à la dispersion des initiatives » autour du conflit congolais.

Les membres de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE), de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et de l’Union africaine (UA) © union africaine

Un processus africain face à l’influence croissante des États-Unis

Cette initiative continentale se déploie dans un contexte où Washington a, de son côté, renforcé son implication diplomatique entre Kinshasa et Kigali. Depuis 2023, les États-Unis facilitent un dialogue bilatéral entre la RDC et le Rwanda, axé principalement sur la désescalade militaire et le démantèlement du M23, soutenu selon Kinshasa par Kigali ce que ce dernier nie.

Sous l’égide de l’administration américaine, des canaux directs ont été mis en place, avec l’implication de diplomates de haut niveau comme l’envoyé spécial pour les Grands Lacs, Michael Hammer, et l’ambassadrice Molly Phee, secrétaire d’État adjointe aux affaires africaines. Ce processus a abouti à des engagements de cessez-le-feu partiels, mais peine à obtenir des résultats concrets sur le terrain, selon plusieurs observateurs.

Deux approches aux logiques différentes

La médiation africaine, structurée autour d’un mécanisme multilatéral, vise une inclusion plus large : gouvernement congolais, groupes armés locaux, communautés affectées, mais aussi pays voisins. Elle se veut enracinée dans les dynamiques régionales, avec une compréhension contextuelle fine et un souci affiché de souveraineté.

À l’inverse, le processus américano-rwandais-congolais repose davantage sur une logique bilatérale, concentrée sur la désescalade diplomatique entre deux États, mais souvent critiquée pour sa marginalisation des autres acteurs régionaux, notamment l’Ouganda, le Burundi et les groupes armés congolais eux-mêmes.

« Nous saluons toute contribution à la paix, mais l’Afrique doit parler d’une seule voix, sur sa propre scène », a déclaré un haut diplomate de la SADC en marge du sommet.

L’enjeu : éviter la concurrence des processus

Si les deux démarches poursuivent des objectifs similaires pacifier l’est de la RDC et rétablir la stabilité régionale, leur coexistence soulève des interrogations sur la coordination, les priorités et la légitimité.

Les dirigeants réunis à Nairobi ont insisté sur le fait que le nouveau mécanisme conjoint, sous l’égide de l’Union africaine, devrait devenir la plateforme de référence, autour de laquelle les autres initiatives, y compris celles pilotées par les puissances extérieures, devraient s’articuler.

« Il ne peut y avoir de paix durable en RDC sans une appropriation régionale forte du processus », a conclu Mahmoud Ali Youssouf.


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