L’interpellation ce samedi à l’aéroport de N’djili de l’opposant Seth Kikuni, à son retour de Nairobi, pourrait bien se révéler comme une faute tactique majeure du gouvernement. Alors que la tension politique était en train de retomber après les sorties médiatiques de Sauvons la RDC, cette arrestation vient raviver les passions et offrir à l’opposition une tribune inespérée.
En agissant de la sorte, le pouvoir donne paradoxalement plus d’importance à ce qu’il voulait minimiser. Kikuni, jusque-là perçu comme une voix isolée parmi les figures critiques du régime, se retrouve désormais au centre de l’attention nationale et internationale. Ce qui devait être un simple retour de voyage devient un acte symbolique, perçu par beaucoup comme une atteinte à la liberté politique et d’expression.
Sur le plan de la communication politique, le gouvernement s’expose à un effet boomerang : cette interpellation renforce le discours de Joseph Kabila et de ses alliés, qui accusent le régime en place d’intolérance et de dérive autoritaire. En cherchant à neutraliser un opposant, le pouvoir finit par légitimer sa cause.
Au moment où la RDC tente de consolider son image d’État respectueux des droits et des libertés, notamment devant ses partenaires internationaux, cet épisode envoie un signal contraire. Le pays donne l’impression d’étouffer la contradiction plutôt que de la gérer par le dialogue démocratique.
Une chose est claire : sur le plan politique, cette arrestation donne de la matière à l’opposition et risque d’amplifier son audience. En voulant étouffer la contestation, le gouvernement vient peut-être d’offrir à ses adversaires leur meilleur argument.
MBIYE GRÂCE G.







