Alors que l’accord de paix signé récemment entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda suscite une vague d’optimisme dans plusieurs chancelleries occidentales, certains acteurs de la société civile congolaise expriment des réserves majeures quant à son contenu et aux conditions de sa signature.
Parmi les voix critiques, celle de Jean Claude Katende, président de l’Association Africaine de Défense des Droits de l’Homme (ASADHO), retentit avec clarté. Selon lui, cet accord négocié sous l’égide des États-Unis « ne reflète ni la justice ni l’équité » pour la population congolaise.
« Je ne suis pas surpris que l’initiative américaine ait abouti à la signature de cet accord, contrairement aux autres tentatives. Ce sont les mêmes Américains qui ont armé le Rwanda en 1996 pour envahir le Congo, afin de s’accaparer de ses ressources minières. Leur influence sur Kigali est évidente », a-t-il déclaré.
Un accord sans mémoire des violations passées ?
M. Katende déplore que le texte de l’accord omette de faire la lumière sur les violations massives des droits humains commises en RDC par le Rwanda au cours des conflits passés, ainsi que sur le pillage des ressources naturelles dans l’Est du pays, souvent documenté par des rapports onusiens et d’ONG.
« Ce que beaucoup saluent comme une avancée diplomatique ne prend pas en compte les aspirations profondes des Congolais. Le Rwanda sort de cette affaire sans rendre compte des graves exactions qu’il a commises sur notre territoire », insiste-t-il.
Une paix durable menacée ?
L’accord, dont les détails n’ont pas encore été rendus totalement publics, prévoirait un apaisement des tensions et une coopération renforcée sur le plan sécuritaire et économique entre les deux voisins. Mais pour l’ASADHO, cette perspective risque de masquer une réalité amère : le Rwanda bénéficierait à nouveau des ressources congolaises sans véritable mécanisme de contrepartie ou de réparation.
« On donne une prime à un pays qui aurait dû être mis au banc des nations. Ce genre de paix, qui ignore les douleurs des victimes et récompense l’agresseur, ne peut être durable », conclut M. Katende.
Un appel à la vigilance citoyenne
Face à ces critiques, l’association appelle les institutions congolaises à plus de transparence, et exhorte la communauté internationale à ne pas sacrifier la justice sur l’autel de la stabilité diplomatique.
Cet épisode relance le débat sur le rôle des puissances étrangères dans les conflits africains et sur la nécessité d’une paix fondée sur la vérité, la justice et la réparation, plutôt que sur des compromis diplomatiques dictés par des intérêts géostratégiques.
Rédaction